La productivité, un "buzzword"?

Améliorer la productivité est un impératif pour nos fleurons manufacturiers québécois.   

Le secteur manufacturier représente l'un des principaux moteurs économiques du Québec, employant près d'un demi-million de travailleurs et pesant pour près de 13% du produit intérieur brut. Un atout de taille qui doit cependant relever un défi de productivité de plus en plus criant pour maintenir sa compétitivité face à des régions comme l'Ontario et ses clients internationaux. C’est pourtant la recette du succès, puisqu’elle permet la hausse des marges, une situation financière améliorée, et donc la création de richesses.  

La productivité est mesurée par la richesse créée par heure travaillée, c’est l’efficacité de ces travailleurs à transformer leurs efforts en production, notamment grâce à la technologie. Comparativement à d’autres économies avancées, le Québec performe moins bien, même si la productivité du Québec a connu une croissance au sortir de la pandémie. Pour produire 1 000 $ de PIB, les manufacturiers québécois consacrent 5,2 % plus d’heures de travail que ceux de l’Ontario et 100 % plus que ceux des États-Unis.  

En effet, selon Manufacturiers et Exportateurs du Québec, « la productivité du secteur manufacturier québécois accuse un retard d'environ 20% » comparativement à la province voisine. Un constat d'autant plus préoccupant que cette tendance persiste malgré les nombreux atouts de cette industrie essentielle.  

L'adoption plus lente des nouvelles technologies permettant de connaitre des gains en productivité plus spécifiquement par les PME constitue un frein important. Et la composition industrielle du Québec est essentiellement représentée par des petites entreprises. Les causes étant multiples, mêlant le manque de ressources spécialisées, la méconnaissance des solutions existantes, le sentiment d’être protégé par la devise, ou encore le temps disponible pour se sortir des opérations du quotidien, tout simplement.  

C’est le sous-investissement dans la transition technologique, illustré en partie par les dépenses en immobilisations dans des machines et équipements de pointe, qui vient plomber la cadence. Pour 2024, les entreprises de la fabrication au Québec n'investiront qu’environ 6 milliards $, contre le double pour l'Ontario. Pourtant, depuis 2020 les manufacturiers du Québec ont haussé leurs investissements de 16,3 % par année en moyenne, très proche du 16,8 % des entreprises ontariennes, et au-dessus de la moyenne de 14,9 % au Canada.  

Malgré tout, de nombreuses entreprises équipées d'usines modernes, automatisées et numériquement connectées démontrent tout le potentiel d'un secteur manufacturier productif. Leur ouverture à un accompagnement technique rend leur production agile, durable et intelligente, leur permettant de tirer leur épingle du jeu face à la concurrence. Ces entreprises ont compris qu’une bonne partie de la solution réside dans l'automatisation, l'intégration et l'optimisation intelligente.  

Les solutions sont là pour améliorer la productivité des entreprises manufacturières au Québec, qu’il s’agisse d’efforts gouvernementaux, de collaboration avec les nombreux partenaires de l’écosystème d’affaires tels que les firmes spécialisées ou encore les centres de recherche. Chacun se donne pour mission de rendre les entreprises plus performantes et compétitives grâce à l'optimisation des processus de production et des chaînes d'approvisionnement, et à l’accompagnement dans la transition technologique, nécessaire à la pérennité du secteur.  

S'ils relèvent avec succès ce défi de la productivité, les manufacturiers québécois auront d'énormes opportunités de prospérité à saisir. D'immenses bassins de consommation comme les États-Unis et l'Europe restent accessibles. De plus, la récente vague de réindustrialisation au sud de la frontière et de relocalisation d'activités manufacturières depuis l'Asie représentent des débouchés formidables.  

Il reste du chemin à parcourir, mais le secteur manufacturier québécois a tous les atouts pour renouer avec une productivité de classe mondiale. Un défi que les entreprises, avec l'aide des bons partenaires, pourront relever pour assurer leur pérennité et l'essor économique du Québec.