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Micropuce, macrorévolution
Dans l’histoire des technologies, certains moments marquent un avant et un après. L’invention du microprocesseur, au début des ann…
mardi 1 juillet 2025
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En 1953, le généticien américain James Watson et le physicien britannique Francis Crick, s’appuyant sur les travaux de la biologiste moléculaire britannique Rosalind Franklin, révèlent la structure de l’ADN. Cette découverte – qui leur vaudra un prix Nobel en 1962 – marque le début de l’ère du génie génétique : un ensemble de techniques permettant de modifier les gènes d’un organisme vivant.
Dans les années 1970 et 1980, les scientifiques mettent au point les premières manipulations génétiques grâce à des enzymes capables de découper et recombiner l’ADN. À la fin des années 1990 émergent les nucléases programmables, des « ciseaux moléculaires » qui peuvent cibler avec une grande précision des séquences spécifiques de l’ADN.
Un tournant décisif survient en 2012 avec l’arrivée de CRISPR-Cas9. Cette technique révolutionnaire rend l’édition du génome plus précise, rapide, simple et accessible, ouvrant un nouveau chapitre dans les applications du génie génétique.
La modification du génome ouvre des perspectives vertigineuses. En médecine, elle permet le développement des thérapies personnalisées, adaptées au profil génétique de chaque individu. Des maladies comme la drépanocytose ou certaines formes de cécité sont aujourd’hui traitées expérimentalement grâce à CRISPR.
Dans le domaine agricole, elle permet de créer des plantes résistantes aux maladies, aux ravageurs ou aux aléas climatiques. Ces innovations redéfinissent nos méthodes de production alimentaire et les critères mêmes de la sélection naturelle.
Elle ouvre aussi la voie à des solutions innovantes pour la protection de l’environnement, notamment à travers la dépollution biologique. Des micro-organismes génétiquement modifiés sont conçus pour dégrader des polluants toxiques.
Ces avancées soulèvent cependant des questions éthiques. Modifier le génome humain, notamment au stade de l’embryon, interroge les fondements de nos conceptions du vivant. Jusqu’où peut-on aller ? Où se situe la limite entre « réparer » et « améliorer » l’être humain ? Entre soin et eugénisme ?
Apparue dans les années 1960, la bioéthique tente d'encadrer les pratiques en intégrant une réflexion éthique aux recherches biomédicales.
L’équilibre entre les bénéfices potentiels, comme l’éradication de maladies, et les risques de dérives (marchandisation du vivant, bébés génétiquement modifiés, atteinte à la biodiversité) est délicat à trouver. D’autant que le droit peine souvent à suivre le rythme des progrès scientifiques.
L’enjeu dépasse la science : il concerne nos choix collectifs. Un débat démocratique est essentiel pour concilier progrès, éthique et dignité humaine.
Entre promesses et dilemmes éthiques, le génie génétique redéfinit notre rapport au vivant