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L’IA est au ciel
Chez Airbus, leader mondial de l’aviation commerciale, l’intelligence artificielle est un levier stratégique de transformation. De…
mardi 1 juillet 2025
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« Nous ne pouvons plus nous comporter comme une entreprise industrielle. Nous devons ressembler davantage à des entreprises comme Oracle ou Microsoft. »
Voilà ce que déclarait Jeff Immelt, PDG de General Electric (GE) dans une interview accordée à McKinsey en 2015.
Dix ans après un premier virage dans les économies d’énergie avec le programme Ecomagination, cette ambition se concrétise avec la création, la même année, de GE Digital, la branche dédiée au logiciel et à l’Internet industriel des objets, et avec le lancement de Predix, une plateforme cloud conçue pour collecter, analyser et valoriser les données des équipements industriels.
Présentée comme un système d’exploitation de l’Internet industriel, Predix connecte des millions d’objets, analyse les performances en temps réel, optimise la gestion et anticipe les défaillances. GE investit aussi dans les jumeaux numériques, l’analyse de données et l’intelligence artificielle pour exploiter les volumes massifs générés par ses machines.
Plus qu’un simple projet technologique, c’est une nouvelle culture d’entreprise qui se dessine.
Le géant industriel centenaire connu notamment pour ses turbines, ses moteurs d’avion et ses équipements médicaux, doit apprendre à penser et à agir comme une entreprise numérique. Dans son centre technologique californien, GE recrute massivement des développeurs, des data scientists et des experts en design thinking. Objectif : internaliser les compétences nécessaires à sa mue, et faire du logiciel et de l’analyse de données des savoir-faire aussi centraux que la science des matériaux ou la mécanique des fluides. L’entreprise adopte des méthodes issues de la Silicon Valley : agilité, « test-and-learn », « lean startup »…
Pour embarquer les collaborateurs, GE s’attache à rassurer face aux craintes légitimes de disparition de postes, et explique comment ces technologies peuvent améliorer le quotidien de chacun.
Le discours de l’entreprise et de ses cadres insiste sur « l’augmentation » : l’Internet des objets vient renforcer l’humain, pas le remplacer. Des relais internes traduisent la vision technologique en bénéfices concrets : « Grâce aux capteurs, cette turbine a réduit ses arrêts non planifiés de 30 %. » Une pédagogie essentielle pour rendre la transformation légitime et désirable.
Pourtant, dix ans plus tard, le bilan est mitigé. Certains projets ont échoué, contraignant GE à revoir à la baisse son ambition initiale. La plateforme Predix, confrontée à des défis techniques, à une adoption limitée hors de l’écosystème GE et à la concurrence des géants technologiques, n’a pas rencontré le succès espéré.
Qu’à cela ne tienne, l’entreprise s’est transformée culturellement. Elle a su faire preuve de davantage de pragmatisme, recentrant ses efforts sur des solutions ciblées, notamment les logiciels de gestion de la performance des actifs. En 2021, GE annonce l’intégration de GE Digital à GE Vernova, une nouvelle entité dédiée à l’énergie.
Si le bilan de ce pivot n’est pas 100% convaincant, cet élan vers le logiciel, le numérique, l’Internet des objets et la data a profondément transformé la façon dont ce symbole de l’industrie du 20e siècle conçoit, fabrique et entretient ses équipements. Ce qui fait encore d’elle une entreprise de pointe.