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mercredi 1 octobre 2025
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Originaire de Grèce, Melpomeni Dimopoulou quitte son pays natal en 2016 pour rejoindre l’Université Côte d’Azur, dans le Sud de la France. Un an plus tard, elle entame un doctorat au Laboratoire Informatique, signaux et systèmes de Sophia Antipolis, consacré au stockage à long terme de données sur ADN.
Sa thèse en poche, la jeune femme se lance dans une aventure scientifique et entrepreneuriale ambitieuse : concevoir un « disque dur moléculaire » basé non pas sur le silicium, comme les supports traditionnels, mais sur l’ADN synthétique.
L’idée s’appuie sur une réalité fascinante : l’ADN, support naturel de notre génome, peut conserver des quantités astronomiques d’informations dans un volume microscopique, et ce, pendant des millénaires.
Grâce aux techniques de biologie moléculaire, il est possible de traduire les 0 et 1 des données numériques en une séquence quaternaire composée des quatre nucléotides formant l’ADN (A, T, G et C). Précisément ce que permet l’algorithme développé par Melpomeni Dimopoulou lors de sa thèse à Sophia Antipolis.
Imaginée dans les années 1950, la technologie de l’ADN synthétique devient une réalité il y a une dizaine d’années. C’est aujourd’hui un domaine en pleine effervescence, porté par la promesse d’un support ultra-dense, durable et capables de résister à l’épreuve du temps.
En 2022, Melpomeni Dimopoulou cofonde Pearcode avec l’ambition de décarboner l’industrie numérique en proposant une réponse à l’un de ses plus grands défis : stocker durablement des volumes de données en croissance exponentielle.
Selon Pearcode, leur mémoire ADN offrirait une capacité un milliard de fois supérieure à celle des disques durs classiques. Une fois industrialisée, cette technologie pourrait réduire jusqu’à 30% la consommation énergétique des data centers, et 20 à 25% leurs émissions de CO₂ liées au stockage.
Sa durée de vie exceptionnelle évite les migrations régulières de données : sur 20 ans, cela représenterait 50 à 70 % d’économies pour les entreprises gérant de vastes volumes de données froides (les informations rarement consultées, comme les archives ou les documents juridiques).
Autre atout : l’ADN ne nécessite aucun refroidissement, contrairement aux serveurs traditionnels gourmands en eau pour maintenir leur température.
À la croisée de la recherche fondamentale et de l’innovation industrielle, Pearcode illustre l’esprit de la deeptech française : développer des technologies de rupture tout en intégrant les enjeux environnementaux et sociétaux.
Lauréate 2025 du concours Tech for Future dans la catégorie Data & IA, Melpomeni Dimopoulou défend la conviction que l’innovation doit être responsable.
Ses travaux pourraient bouleverser la gestion à long terme des données, avec des applications allant de l’archivage patrimonial à la cybersécurité, en passant par la recherche scientifique.
Avec Pearcode, elle prouve que le futur du stockage est déjà là. Invisible à l’œil nu, mais colossal par son impact positif.
(Source : Le Journal des Entreprises)