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Ouverture à la concurrence : quels défis et opportunités pour l’échange de données ?

L’ouverture à la concurrence du marché français des transports bouscule ses acteurs qui doivent adapter leurs organisations et leurs activités. Pour réussir cette transformation, la gouvernance et la maitrise de la donnée seront des enjeux forts.

L’ouverture à la concurrence du marché français des transports bouscule ses acteurs. Elle attribue un rôle central aux autorités organisatrices de mobilité et pourrait mener au remplacement un acteur historique par plusieurs transporteurs.

Aussi, les entreprises doivent adapter leurs organisations et leurs activités à la fois en interne et avec leur nouvel écosystème.

Au cœur de cette transformation, il est nécessaire de se pencher sur la question de la gouvernance de la donnée. En effet, les données sont au cœur de la digitalisation du secteur du transport et de ses processus : robustesse des plans de transports, maintenance prédictive, yield management, information voyageurs, etc. 

Le maintien et le développement de la qualité de service dans un écosystème plus complexe est donc une opportunité pour améliorer les échanges de données entre acteurs du système.  

Par Aurélie LE GOAEC - Manager, Simon ESPINOSA - Senior Manager et Jean GRANDEMANGE - Directeur chez Talan Consulting.


 

Enjeux sur l’usage et la gouvernance de la donnée

Avec l’interconnexion des SI et la multiplication des capteurs (sur les réseaux, les matériels, …), tous les acteurs (usagers, autorités organisatrices, transporteurs et gestionnaires des réseaux) s’attendent à avoir une information précise et complète, qui assurera l’attractivité des moyens de transport auprès des usagers.

La règlementation impose ainsi aux acteurs de diffuser largement les données qui relèvent du domaine public tout en les contraignant à protéger les données sensibles.

Pour les autorités organisatrices, l’enjeu est d’assurer une continuité de l’information afin de :

  • piloter l’offre de transport opérée par ses transporteurs (respect des engagements,…),
  • garantir la continuité de l’information lors d’un changement d’opérateur,
  • permettre une information voyageur fluide et sans couture (via les médias digitaux notamment).

Cet enjeu devient plus complexe à maîtriser avec la multiplication des transporteurs induite par l’ouverture à la concurrence.

Par ailleurs, pour les opérateurs, l’enjeu est de protéger son savoir-faire industriel, sa connaissance et son expertise de l’exploitation qui lui assure un avantage concurrentiel lors de la (re)mise en concurrence du lot qu’il exploite.

 


Ce qui entraîne la diffusion de la donnée :

  • Loi d’Orientation des Mobilités 
  • Open Data 
  • Décret donnée du nouveau pacte ferroviaire 
  • Concurrence    

Ce qui contraint la diffusion de la donnée : 

  • RGPD pour les données personnelles 
  • Protection du Savoir-faire Industriel 
  • La pression concurrentielle 
  • Loi de Programmation Militaire (pour protéger les Operateurs d’Intérêt Vital) 
     

 

Les priorités pour une gouvernance réussie

Privilégier des formats d’échange standardisés

Les autorités organisatrices doivent s’interfacer avec plusieurs opérateurs et les opérateurs peuvent avoir des contrats avec différentes autorités. Dans un contexte où les acteurs ont chacun leur système d’information, il convient de fixer des formats d’échange (pour éviter ainsi le développement de nouvelles interfaces à l’arrivée de nouveaux opérateurs, et de devoir synchroniser les évolutions le cas échéant). 

Ces formats d’échange permettent :

  • à l’autorité organisatrice : d’assembler les données de planification et données opérationnelles de chaque opérateur, et de produire des indicateurs sur des éléments comparables,
  • au transporteur : d’utiliser son SI, et de pouvoir le faire évoluer à son rythme, de manière transparente pour les autorités avec qui il travaille, 
  • pour les autorités et les transporteurs : de diminuer les coûts de développements de flux, en limitant les flux spécifiques,
  • pour le voyageurs : d’avoir une continuité dans l’information voyageur, même lors de transition d’opérateurs.

Ces échanges doivent au maximum s’appuyer sur des formats libres et une diffusion large

Des données diffusées largement dans un format ouvert sont disponibles ensuite pour tous les usages. Un référentiel des arrêts partagés peut ainsi être mis à jour une fois et consommé par les opérateurs pour planifier l’offre de transport, alimenter les applications d’information voyageur, les calculateurs d’itinéraires.

Plus les données seront facilement accessibles, dans des formats ouverts, standards et réutilisables, plus de nouveaux candidats pourront préparer leur entrée sur un marché qu’ils n’exploitent pas encore. Cela vaut tant pour les données d’infrastructure et du réseau que les données d’offre de transport. Il convient alors de maitriser les principes d’API, les plateformes Open Data, les formats GTFS, NETEX, TransXchange et les subtilités des modèles cartographiques.

On peut noter que le SI des différentes entreprises s’appuie en partie sur des progiciels du marché qui ont sur étagère des formats d’échange existants.

 

Clarifier les rôles et responsabilités…

La mise en concurrence est l’opportunité de (re)définir l’organisation adaptée aux enjeux autour de la donnée : qui est maitre de quelle donnée, à quel instant et comment elle est partagée aux acteurs qui en ont besoin. 

Ainsi, il convient d’abord de définir, dans le cadre de la préparation d’un appel d’offre puis de la reprise - s’il s’agit d’un opérateur différent -, quelles sont les données mises à disposition.

Dans le processus de gestion courante, après attribution d’un marché, il convient également de préciser qui :

  • met à jour et diffuse les référentiels (points d’arrêts, conditions d’accès aux personnes à mobilité réduite),
  • met à jour les et diffuse les offres de transport,
  • accède aux roulements matériels et aux journées de service des conducteurs.

Les gouvernances de la donnée seront ensuite garantes du bon respect des règles de mise à jour et diffusion.

 

Le rôle essentiel des Autorités Organisatrices pour réussir cette gouvernance

Les Autorités Organisatrices doivent se structurer pour être prescriptrices du format d’échanges, de la fréquence, de la qualité attendue. Le tout devant être décrit dans les contrats. Le sujet est donc à la fois fonctionnel, organisationnel, informatique et contractuel. Les équipes de gouvernance de la donnée sont alors mises au défi de mettre en musique et de synchroniser ces différents aspects. 

Ceci constitue une véritable transformation dans l’organisation des échanges entre une autorité organisatrice, son transporteur historique et ses futurs opérateurs. 

Les acteurs du transport ont accepté ces défis et commencent à diffuser en Open Data et sur le Point d’Accès National les données de référentiel et d’offre ; néanmoins, il reste du chemin à parcourir avant de disposer de l’ensemble des données réputées publiques, sur le Point d’Accès National.