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DOSSIER SPECIAL STRATEGIE BAS CARBONE ET MOBILITE #2

Quels sont les défis et perspectives de la transition vers la mobilité électrique en France?

Voici le second article de notre « Dossier Stratégie Bas Carbone et Mobilité ».

Si vous n’avez pas vu notre premier article, axé sur les besoins de transformer le secteur du transport et des mobilités, pour atteindre les objectifs 2050 de consommations d’énergie et d’émissions de CO2, vous pouvez le retrouver ici.

L’électrification des véhicules, sur un territoire avec un mix électrique peu carboné comme la France, est un levier efficace en soi pour réduire les émissions de GES de manière significatives du secteur des transports. Ce levier repose sur un renouvellement du parc automobile avec un accroissement de la part des véhicules électriques sur le total de véhicules neufs introduits sur le marché en remplacement des modèles thermiques. Le taux de renouvellement des véhicules neufs et la part de l’électrique dans les ventes doivent progresser pour atteindre les scénarii souhaités de baisse des émissions de GES du secteur. Les autres leviers identifiés (sobriété et écoconduite, réduction de l’autosolisme, efficacité des moteurs et dans la fabrication, légèreté des modèles créés) permettront d’accentuer la réduction des émissions de GES liées aux véhicules individuels. Néanmoins de nombreux freins existent pour l’électrification des véhicules, qu’ils soient financiers, ou liés à des questions de ressources et d’infrastructures nécessaires.

1. Projections et évolutions du marché des véhicules automobiles électriques

En France, sur l’année 2020, 291 000 véhicules électriques et hybrides rechargeables étaient en circulation. L’année suivante, entre le 1er janvier et le 31 août 2021, 187 585 véhicules électrifiés rechargeables étaient déjà immatriculés, représentant ainsi 13% des parts de marché (16% pour les véhicules des particuliers) dont :

  •  97 008 véhicules 100 % électriques ;
  •  90 577 véhicules hybrides rechargeables.

Il est pertinent de souligner que malgré la décroissance du secteur automobile d'environ 20% entre Août 2019 et Août 2021, le nombre de véhicules électriques et hybrides rechargeables a augmenté de +342%.  

Afin de réduire les émissions de GES nationales, les Programmations Pluriannuelle de l’Energie prévoit qu’en 2030, 35% des voitures particulières seront électriques, 10% seront hybrides rechargeables, et d’ici à 2040, 15 millions de véhicules électriques circuleront en France.

Ces projections se basent sur un taux élevé de renouvellement du parc automobile (entre 5 à 7% du parc par an), même si le coût de fabrication des véhicules électriques est supérieur à celui des véhicules thermiques, celui-ci est partiellement contrebalancé par le coût réduit de l’approvisionnement en électricité par rapport à l’approvisionnement en pétrole (essence et diesel).

De plus la dynamique est déjà également enclenchée au niveau des industriels, l’électrification des flottes amorcée par les constructeurs automobiles et les nouveaux objectifs annoncés à l’échelle européenne (fin de la vente de véhicules thermiques en 2035) sont de nature à accélérer la transition.

2. Les limites, à notre sens, des projections

Le déploiement massif des véhicules électriques, inclus dans une électrification massive de la société, va nécessiter un développement des moyens de productions d’électricité peu-carbonés mais aussi de leur stabilité, que ce soit dû à l’augmentation de l’électricité d’origine non-pilotable (énergies renouvelables) ou à l’augmentation des points de branchement. En effet, afin d’alimenter ces véhicules, l’installation d’un vaste réseau de stations de recharge est également indispensable. Il existe actuellement en France  29 600 points de charge ouvert au public pour les véhicules électriques, et 200 bornes rapides sur autoroute soit 1 point de charge pour 7 véhicules électriques en circulation. Selon l’Union européenne, 3 millions de stations de recharge seront nécessaires pour assurer un maillage suffisant du territoire européen et 20 milliards d’euros devront être investis pour les faire sortir de terre afin d’être en mesure de répondre à une expansion du nombre de véhicules électriques, en assurant une conformité d’utilisation entre les différents types de bornes et de véhicules électriques.

La question des ressources nécessaires à cette transition du système énergétique, notamment le cuivre, mais aussi d’autres minerais à la disponibilité et l’accessibilité de plus en plus réduite, peuvent être un frein au déploiement massif de l’électrification des usages et notamment à l’électrification des véhicules. De plus leur extraction et leur transformation ne sont pas neutres en matière d’impact sur l’environnement ou sociaux.

Il existe donc d’autres leviers en plus de l’électrification du secteur pour limiter son impact sur l’environnement. Ceux-ci dépassent le simple cadre des émissions de GES, et nécessitent de réfléchir aux nouveaux usages de la mobilité ainsi qu’aux enjeux de la fabrication des véhicules et des infrastructures associées. Remplacer chaque véhicule thermique par un véhicule électrique sans remettre en question nos modes et habitudes de déplacement et notre gestion des espaces aurait certes un impact positif sur nos émissions de GES mais à condition que nous ayons la capacité de faire cette substitution à l’échelle mondiale. Cette stratégie risquerait d’accentuer la pression sur certains matériaux indispensables à la transition énergétique et de production d’électricité, alors que le véhicule électrique reste une alternative plus coûteuse à l’achat et donc moins accessible pour une majeure partie de la population française et mondiale.

In fine, et pour conclure, il ne faut pas se poser uniquement la question de l’origine de l’énergie consommée par le secteur mais aussi celle des usages de la mobilité de demain. Il faut certes chercher des alternatives aux véhicules thermiques, mais si nous voulons réduire l’impact sur le climat, tout en préservant la biodiversité et en atténuant la pollution des sols, de l’air et de l’eau, il faut repenser nos usages, notre politique d’aménagement du territoire et notre politique d’habitat à travers le prisme de la sobriété.

Rédacteurs :

  • Rodolphe GARABETIAN, Consultant Transports & Mobilités
  • Simone NERI, Senior Manager Transports & Mobilités

Sources :

https://www.ey.com/fr_fr/power-utilities/e-mobilite-la-ruee-vers-l-electrique-en-4-questions

https://www.villesdefrance.fr/upload/ondes/En%20route%20vers%20la%20mobilite%CC%81%20e%CC%81lectrique%20dans%20les%20Villes%20de%20France.pdf

https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-10/Futurs-Energetiques-2050-principaux-resultats_0.pdf

https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-10/BP2050_rapport-complet_chapitre3_consommation_0.pdf

https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/fs-2021-rapport-les_couts_dabattement-partie_1_methologie-juin_0.pdf

https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2020-12/datalab_81_chiffres_cles_du_climat_edition_2021.pdf

https://presse.ademe.fr/2022/04/plus-de-la-moitie-des-particules-fines-emises-par-les-vehicules-routiers-recents-ne-proviennent-plus-de-lechappement.html